Début juillet, lorsque Julien Fournié a présenté son défilé Haute Couture Automne-Hiver 2016, une superstar s’est fait particulièrement remarquer : une robe incroyable entre Peau d’âne, Les Mille et une Nuits et les Années Folles, coupée dans la plus belle dentelle de la maison Sophie Hallette ! En plein shooting de la collection, et de la fameuse robe, le créateur répond à nos questions.

 

  

Quelques mots sur le choix de la dentelle Sophie Hallette ?

 Il y a deux dentelles dans cette robe « Constellation », qui pour moi reflètent tout le savoir-faire de Sophie Hallette. Lorsque j’étais directeur artistique chez Torrente, je rêvais déjà de ce travail de matière, avec des inclusions de crystal. Mais ça n’avait pas pu se faire. Et puis le thème de la constellation fait partie de mon travail depuis longtemps, c’est une obsession depuis que je suis petit, les étoiles, la brillance. Avec cette robe, je reviens vraiment à mes premières amours… Je suis tombé sur un échantillon de cette dentelle Sophie Hallette : je me suis dit voilà, c’est maintenant qu’il faut la faire cette robe. On ne peut pas dire que c’est la dentelle qui m’a inspiré, mais sans cette dentelle, je n’aurais pas pu créer la robe. Disons que c’est un mouvement à double sens… Par ailleurs, la collection ayant un thème années 30-40, il y a donc une autre dentelle en-dessous, avec des motifs art-déco, elle aussi je l’ai vue, et c’était exactement celle qu’il me fallait, elle dégageait tout ce qui m’intéressait, ce côté sœurs Mitford. Il y a énormément d’affect pour moi dans cette robe.

En quoi la dentelle vous semble-t-elle pertinente dans le vestiaire moderne ?

La dentelle est pertinente chez Sophie Hallette, car il n’y a pas le côté fleufleurs, ils vont sur des choses plus générationnelles, qui correspondent à notre époque. J’ai une maman qui a toujours aimé la dentelle moderne, elle portait des bodys en dentelle sous des smokings noirs, donc j’ai toujours vécu avec ça. Il y a toute une génération de créateurs qui réintègre la dentelle dans ses collections, mais pas comme autrefois : nouveaux matériaux, silicone, incrustations, la dentelle est pailletée, rebrodée… Dans ma dernière collection, j’ai repris une façon de faire propre à Monsieur Lacroix : des anciennes dentelles de maman, justement, découpées au scalpel et réintégrées, pour créer de sublimes patchworks en 3D. Cela crée une autre manière de regarder la dentelle, avec du recul.

Votre plus beau souvenir de dentelle ?

 C’était lorsque j’étais chez Torrente, et c’était déjà avec Sophie Hallette, dans la collection « Rond-Point ». Il y avait tout un corps en dentelle rebrodé de jais par Monsieur Lesage, et la dentelle mélangeait des fleurs avec des losanges : c’était dément. On voyait la peau, car c’est cela qui est formidable, dans la dentelle : si on la met sur un tissu, qu’on ne voit plus rien, ça n’a pas d’intérêt, ce qui est intéressant, c’est la transparence…

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