.
Caroline Hu : il y a quelques semaines, les sites spécialisés ne parlaient plus que de cette étudiante de la Parsons School of Fashion, dont le défilé de fin d’études a enthousiasmé la New York Fashion Week. Au cœur de ses silhouettes aussi chatoyantes qu’un tableau impressionniste ? Des dizaines et des dizaines de chutes de tissus et de dentelles. Un exercice de recyclage couture, exceptionnel d’un point de vue esthétique… mais aussi écologique. Interview avec une créatrice aussi inspirée qu’engagée.

Pourquoi des robes fabriquées non pas à partir de métrages de tissu, mais de chutes ?

Pour démarrer, j’ai choisi tout un tas de dentelles différentes et de petites pièces de tissus, ce qui collait à mon inspiration et à mon parti-pris esthétique. J’avais besoin de nombreuses pièces de couleurs différentes afin de pouvoir « peindre » sur du tulle. J’ai découvert qu’utiliser des chutes était un excellent moyen pour mettre mes idées en forme ; mais c’était aussi un choix économique. Durant tout le processus, j’ai recueilli les chutes que d’autres laissaient après avoir découpé leur tissu, car sinon, ils allaient simplement les jeter, ils ne pouvaient rien en faire en raison de leur petite taille.

Comment avez-vous choisi ces chutes ?

La plupart du temps, le choix dépend de la couleur et de la texture. Parfois j’ai besoin de quelque chose de léger, donc je choisis de la dentelle ou du tulle, parfois j’ai besoin de quelque chose de plus lourd, auquel cas je choisis des chutes de laine, de velours ou de coton. Je peux les utiliser toutes en même temps si la couleur correspond à mon idée. Sophie Hallette m’a offert de nombreux morceaux de dentelles : ces morceaux sont magnifiques, ce n’est pas parce qu’ils sont laids.

Comment passe-t-on de la chute de tissu… à de la magie pure ?

J’utilise une machine à smocks pour réunir les différents morceaux. Je fais toujours un dessin avant de fabriquer un nouvel échantillon ou une nouvelle silhouette, et j’utilise des morceaux de couleurs différentes en fonction du dessin. Pour moi, ces chutes provenant de tissus différents se classent uniquement par leur couleur, c’est comme ça que je les utilise pour « peindre » sur le tulle.

La mode devrait-elle être plus engagée sur le champ de l’écologie ?

Oui, je pense que la mode devrait prêter plus attention à la question de la durabilité. Après cette collection, j’ai mieux compris l’équilibre entre écologie et esthétique, et j’ai découvert que nous, designers, nous pouvons utiliser notre créativité pour aider l’industrie à devenir plus durable. Pas uniquement en parler, mais véritablement agir. Mon modèle dans ce domaine : la designer new-yorkaise Jussara Lee.

Crédits photos : Caroline Hu