Quels seront les nouveaux Alexander McQueen, John Galliano, Stella McCartney ou Phoebe Philo ? Chaque saison, c’est la question qui revient à l’issue des très médiatisés défilés du Central Saint Martins College of Art and Design, à Londres. Présenté mi-février dans le cadre de la Fashion Week, le podium Automne-Hiver 2016 a mis à l’honneur le minimalisme absolu tout comme le maximalisme le plus fou, le masculin-féminin ou le tailoring déconstruit. Une excellente année au regard des professionnels, avec, parmi la diversité et la singularité des propositions, la dentelle ample de Lynne Searl, étudiante en « MA Fashion », sponsorisée par Sophie Hallette dans le cadre de sa politique de soutien aux talents émergents. Interview avec une future grande.

Line Up AW 16-17 Lynne Searl Central Saint Martins

Pourquoi la dentelle ?

« Avant que l’on nous confie, en première année de « MA Fashion », un projet autour de la dentelle, je ne l’avais jamais expérimentée. Ce projet m’a ouvert les yeux sur toutes ses possibilités, à tester des techniques qui ne lui sont pas habituellement associées. J’aime travailler autour des contrastes de textures, et la dentelle étant si fine et si délicate, je l’avais associée à des bandes de cuir et à du vinyle gaufré dans lesquels j’avais percé des trous pour recréer le rythme de la dentelle. J’ai tellement adoré ce projet que j’ai décidé de continuer mes expérimentations dans ma collection finale ! Là, j’ai voulu me concentrer sur les différences de poids entre les matériaux et textures. A travers les cercles de vinyle plissés appliqués sur la dentelle, j’ai réussi à donner une impression de dynamisme très fort dans le tissu, et à faire naître des volumes qu’il aurait été impossible d’obtenir avec une seule couche de dentelle. »

Quelques mots sur vos inspirations…

« Explorer les tensions et les frictions entre des matériaux et des formes opposés a constitué le principal objectif de ma collection finale, inspirée par les sculptures de Barbara Hepworth. J’ai aussi été inspirée par la photographie en cyanotype [une technique de fabrication de papier photographique qui permet de produire des images bleues, NDLR] de Lazio Moholy-Nagy, ainsi que par les formes spectaculaires d’Anish Kapoor. J’ai toujours été intéressée par la manière dont les tissus interagissent, et par la manière dont mes expérimentations techniques sur le textile nourrissent la silhouette. J’avais l’ambition de créer une collection qui soit remplie d’interactions entre les matériaux et les techniques, à la fois pour créer un impact visuel, et pour donner un résultat sophistiqué et subtil. »